Jean VALETTE
Né le 28 janvier 1674 à Cournonterral, il est fils de Jean et Marguerite SAVARINNE. Pour voir son lien avec nous, c'est par ici.
Jean grandit et épouse Suzanne PIOCH le jeudi 19 août 1700. Il devient ainsi tuilier puisque Suzanne est la fille et l'héritière de
Raymond PUECH.
Affaire de la charrette
Le 12 décembre 1713, le consulat réquisitionne "quatre charrettes pour porter les équipages des officiers du régiment de pastour dragon de Montpellier jusqu'à Mèze". Parmis ces 4 charrettes, il y a "celle de Jean VALETTE, maître tuilier, habitant de ce lieu à laquelle furent attelées les mules d'Abraham CASSE, de Pierre DARLES et de Jean GACHON."
La charrette fait donc le trajet de Montpellier à Mèze.
Une fois arrivés à Mèze, il est convenu (selon les ordres du Duc de Roquelaure) que les charrettes seront déchargées et renvoyées à Cournonterral. Les habitants de Mèze devront à leur tour réquisitionner des charrettes et des mules pour réaliser un autre tronçon du trajet des dragons. Mais soit les consuls de Meze n'ont pas fait la réquisition demandée, soir les habitants de Meze ont refusé de fournir charrettes et mules (il n'y a malheureusement pas trace de cette afaire dans les délibérations de Mèze).
Donc en pratique "les consuls de Mèze, d'intelligence avec les officiers du régiment firent marcher la charrette dudit Valette d'une étape à l'autre, en sorte qu'elle fut conduite jusque au Boulou". Le Boulou est une commune des Pyrénées-Orientales, non loin de la frontière entre les Royaumes de France et d'Espagne.
Arrivés au Boulou ceux qui "la conduisoit craignant qu'on ne les fit marcher encore jusqu'à Barcelone abandonnèrent ladite charrette avec partie des harnois et sans retournèrent au présent lieu."
Si les conducteurs de la charrette (dont on ignore l'identité) ont peur d'aller jusqu'à Barcelonne c'est que le convoi dont il s'agit est celui dit "de Gérone". Ce convoi a été organisé par le maréchal Berwick (qui dormit d'ailleurs au Boulou le 26 décembre 1712). Toutes les charrettes et les mules ainsi réquisitionnées vont donc aller jusqu'à Gérone, en Espagne.
Nous comprenons donc bien que dans l'affaire Jean VALETTE a perdu sa charette et son harnois ce dont il se plaint. L'Intendant du Languedoc demande alors au consulat de Cournonterral de lui rendre sa charrette et son harnois (ce qui est bien évidemment impossible) ou lui "en laissera une autre à la place ou en payera la valeur."
Les consuls de Cournonterral répondent que c'est à leurs confrères de Mèze qu'il faut faire réclamation ou à ceux qui conduisaient la charrette.
Le 6 mai 1714, l'Intendant rend une ordonnance qui signifie aux consuls de Cournonterral que c'est eux qui "payeront audit Valette la valeur de sa charrette et harnois en question suivant l'estimation qui en sera faite par experts convenus entre parties." Il précise tout de même que les consuls de Cournonterral peuvent porter "recours contre les consuls de Meze".
Le 13 mai 1714, les experts sont nommés il s'agit de :
- Jean BLAVET, nommé par Jean VALETTE,
- et André RICOME, nommé par la communauté.
Le 12 août 1714, la valeur de la charrette et harnois est (enfin) fixée à 115 livres, 10 sols (ce qui correspond selon la base de calcul expliquée dans la page du compoix à 4 620 € en 2017). Mais à cela il faut aussi ajouter les frais et dépenses qu'à fû faire Jean VALETTE dans cette affaire. Cela sera chiffré... le 4 octobre 1714 à 58 livres et 19 sols (ce qui correspond selon la même base de calcul à 2 358 € en 2017).
Le 10 janvier 1715 (plus d'un an après le départ de la charrette), le consulat demande l'autorisation d'emprunter la somme pour pouvoir rembourser Jean VALETTE. On suppose que Jean a enfin été remboursé peu de temps après et que les consuls de Mèze ont eux remboursés la communauté de Cournonterral puisqu'on n'entend plus parler de cette affaire.
Le chantier de l'Eglise
Le dimanche 4 septembre 1718, le consulat propose le chantier de la nef de l'Eglise. Le consulat reçoit les offres à la chandelle éteinte. L'offre la plus avantageuse est celle de Jean VALETTE "qui offre de faire lesdites réparations pour et moyennant la somme de deux cent quinze livres" (ce qui correspond à 8 600 € en 2017).
Encore un problème de charette
Le 24 mai 1721 l'Intendant du Languedoc ordonne à la communauté de Cournonterral de lui fournir "une charrette attelée de trois mules à l'effet de se rendre le jourd'hui à Lunel pour le transport des sels".
"Messieurs les consuls assistés de son conseil politique dimanche dernier pour satisfaire à ladite ordonnance auroit nommé les deux mules et la charrette de Jean Valette". Ils expliquent que la charrette de Jean est "la moins utile". En fait 4 habitants de Cournonterral ont des charrettes mais seuls Jean a peu de biens à cultiver (normal puisqu'il est tuilier). Ils enfoncent le clou en précisant qu'il "fait commerce de voyages".
Jean VALETTE "pour chagriner la communauté" a prétexté "qu'il s'est engagé pour ledit transport des sels" ce "qui le décharge de ladite nommination."
Les consuls, passablement énervés, adressent une requête à l'Intendant pour lui expliquer la situation. Ils précisent "que si ledit Valette s'est engagé pour voiturer lesdits sels, cela dauroit être à la décharge de la communauté et non autrement attendu que ladite charrette est comprise au nombre des quatre" que compte la commune. Dans le même temps ils envoient une autre charrette avec d'autres mules pour convoyer le sel à Lunel.
Après la perte de sa charrette réquisitionnée en 1713 (dont il ne sera remboursé que plus d'un an plus tard), on peut comprendre la réaction de Jean VALETTE. Dès qu'il a eu vent de la réquisition, il a préféré s'engager pour le transport (et être rémunéré) plutôt que d'être à nouveau spectateur et de possiblement perdre à nouveau sa charrette.
Ecrit de Jean VALETTE
En juin 1723, il y a des brèches dans le mur entourant le cimetière. Les animaux divaguent et font "leurs necessités dans un lieu saint et destiné uniquement à ensevelir nos corps après la mort".
C'est alors que l'Evêque de Montpellier visite la paroisse. Il juge le problème du cimetière très grave et "défendit expressément d'enterrer les morts dans le cimetière si les réparations n'étoit faites dans un mois passé lequel temps, il en interdisoit l'usage".
Le 31 octobre 1723, Jean fait offre d'effectuer les réparations dans 15 jours et pour la somme de 50 livres (ce qui correspond à 2 000 € en 2017).
Il est très surprenant de voir que l'offre a été écrite de la main même de Jean VALETTE (voir ci-dessous; ce qui est écrit dans la marge a été ajouté par le greffier habituel de la commune) !
"Je soussigné Jean Valette mestre tuillier
de Cournonterral fait offre à messieurs les consuls
dudit lieu de fere toutte la batisse du cimetierre
qui est da crine (?) toute la muraille
de cloture dudit cimetière
breches qu'il y a la dite muraille
et ce pour le prix et somme
de cinquante livres et d'avoir
fait ledit travail dans quinze jours a conté
du jour de la passastion du contrat fait audit
lieu ce 31 octobre 1723.
J Valette"
Cette offre assez anodine nous apprend donc que Jean VALETTE sait non seulement signer mais aussi écrire ce qui est surprenant à l'époque, surtout vu ses origines (son père est laboureur).
2nd consul
Le 24 juin 1725, Jean est nommé second consul de Cournonterral mais cela ne durera pas.
Début septembre 1725, "la Souveraine Cour du Parlement de Toulouse rend un arrêt entre messire Emmanuel Auguste Marquis de Vignolles, seigneur de ce lieu, et les consuls et communauté du présent lieu de Cournonterral par lequel entren autre chose la cour a cassé l'élection consulaire faite le vingt quatre juin dernier et ordonne qu'il sera incessament procédé à une nouvelle élection consulaire auquel effet en présence d'un des officiers du Seigneur suivant l'ordre du tableau. Il sera procédé à la nommination des sujets au nombre et de la qualité requise par l'usage et que la nommination sera portée au Seigneur et à son absence à un de ses officiers par ordre du tableau pour en choisir un de chaque rang pour consuls. Et ceux qui auront été choisis prêteront serment entre les mains de l'officier qui aura présidé à l'élection et lui rendront visite dans les vingt quatre heures".
A partir de cette date le consulat perd donc un peu de son indépendance. Les consuls sortants peuvent toujours nommer des candidats mais c'est le seigneur qui choisit les 3 prochains consuls. Son pouvoir reste toutefois limité car il doit choisir dans la liste de candidats fournie par les consuls sortants.
Le compoix
En 1727, la communauté de Cournonterral réalise une nouvelle matrice pour le compoix.
-2 maisons à 3 étages de 35,86 et 27,65 mètres carrés,
-un jardin de 719 mètres carrés,
-une basse-cour de 31,97 mètres carrés,
-2 écuries à deux étages représentant 55,67 mètres carrés,
-une tuilerie,
-3 champs à fourrage représentant 2 848 mètres carrés,
-2 oliveraies représentant 5 269,42 mètres carrés,
-11 champs dont 3 avec oliviers représentant 21 124 mètres carrés soit 2,11 hectares,
-2 prés de luzerne dont un avec vigne muscat représentant 3 484 mètres carrés,
-7 vignes dont 2 avec oliviers représentant 39 248 mètres carrés soit 3,92 hectares,
-4 terrains en friches représentant 9 925 mètres carrés.
Il a donc, uniquement en surface agricole, 81 898 mètres carrés c'est à dire 8,19 hectares.
On peut localiser grossièrement les propriétés de Jean et Suzanne cette année-là.
Pour l'année 1727 Jean et Suzanne doivent payer la somme de 45 livres, 19 sols et 6 deniers (ce qui correspond selon la base de calcul expliquée dans la page du compoix à 1 839 € en 2017) en règlement de la taille réelle ce qui en fait le 19ème contribuable le plus important de Cournonterral (sur 318 contribuables).
2ème Ecrit de Jean VALETTE
En septembre 1727, la boucherie close de la communauté a besoin de réparations.
Le 8 septembre 1727, Jean fait offre d'effectuer les réparations dans les 6 mois et pour la somme de 1 600 livres (ce qui correspond à 64 000 € en 2017).
Là encore l'offre a été écrite de la main même de Jean VALETTE (voir ci-dessous).
"Je fais offre à messieurs les consuls et
communauté du présent lieu de faire les réparations
conformément au devis des réparations de
la maison commune boucherie turon (?) pour
et autres portées par ledit devis le tout dans
six mois après la passation du bail
moyennant le prix et somme de seize cent
livres offant de donner bonne et
suffisante caution à Cournonterral ce
huitième septembre 1727.
J Valette"
Cette offre nous prouve encore une fois que Jean VALETTE sait bien écrire.
Décès
Jean VALETTE meurt à l'âge de 76 ans le 7 août 1750. Il est inhumé le lendemain dans la Chapelle des Pénitents Blancs de Cournonterral.